Le service sanitaire de l'armée allemande durant la Seconde Guerre Mondiale
3 - Matériel médical
3.1 Équipement

Le Soldbuch (livre de solde), petit livret d’une vingtaine de pages (selon le modèle) à couverture cartonnée est une vraie carte d’identité personnelle du soldat. Ce dernier doit toujours l’avoir sur lui, dans une des poches de sa veste. Il contient des renseignements très complets sur son possesseur : sa photographie (cet item a été instauré au cours de la seconde guerre mondiale et certains Soldbuch n’en possèdent pas), son rang dans l’armée, sa date de naissance, sa description physique (taille, corpulence, couleur des yeux, des cheveux, port de lunettes, barbe, moustaches, signes particuliers),sa pointure, sa religion, son parcours militaire (lieu de formation, différentes unités d’affectation), l’équipement qui lui est attribué, les différents contrôles et les armes possédées. Ce livret est aussi très utile pour le suivi médical du soldat.

Sur la première page, au côté de renseignement comme le rang, l’unité, le numéro de matricule on trouve le groupe sanguin de la personne : A, B, AB, Oa.

Les pages 9, 10 et suivantes sont réservées à des renseignements d’ordre médical. Les deux premières pages sont réservées au calendrier vaccinal. Les vaccins obligatoires sont le vaccin contre la variole (Pocken Erfolg), le typhus et le paratyphus, la dysenterie (Ruhr), et le choléra. Y sont notées les dates d’inoculation et les doses injectées sous forme de tableau.

La double page suivante concerne les données ophtalmologiques du patient : elle se présente sous la forme d’un tableau dans lequel doit être noté l’acuité visuelle de chaque œil, ces pages sont très rarement complétées dans les Soldbuch, y compris pour les soldats portants des verres correcteurs.

Les pages d’après recensent les séjours à l’hôpital du soldat. La première colonne appelée « Lazarett » donne le nom de l’établissement où a été admis le malade, la seconde et la troisième colonne sont réservées à la date d’admission. La colonne « Krankenheit » sert à la description du motif d’hospitalisation, elle peut être rédigée sous forme d’une courte phrase ou d’un mot (exemple Magen : problème stomacal) ou utiliser le code numérique spécifique aux maladiesa. Les colonnes suivantes sont destinées à l’inscription de la date de sortie et au devenir du patient : mutation dans un autre hôpital, une maison de convalescence, ou retour dans la troupe (cette annotation se trouve le plus souvent sous sa forme abréviée kv, c’est-à-dire : kriegsverwendungsfähig). La dernière colonne comporte la signature du médecin militaire responsable.

La page suivante doit servir à faire l’inventaire de l’équipement du patient à son arrivée à l’hôpital

Enfin la dernière page médicale concerne le suivi dentaire du patient. Elle présente un diagramme représentant la dentition et qui permet d’identifier les dents à soigner. Plus bas sont répertoriés les soins effectués. Cette page du carnet est souvent vide car les moyens de la dentisterie militaire étaient faibles.

Code numérique et maladies correspondantes dans le Soldbuch

  1. Typhus
  2. Dysenterie
  3. Amygdalite
  4. Choléra
  5. Variole
  6. Rougeole
  7. Grippe
  8. Fièvre pourprée
  9. Paludisme
  10. Tuberculose
  11. Plèvre
  12. Autres maladies
  13. La gonorrhée
  14. Syphilis
  15. Autres MST
  16. Glandulaires maladies
  17. Maladie du sang
  18. Pneumonie
  19. D'autres plaintes des organes respiratoires à l'exclusion de la tuberculose
  20. Dent
  21. Entrailles
  22. Digestif
  23. Rein
  24. Problèmes génitaux autres qui les MST
  25. Peau
  26. Problèmes d’ordre nerveux
  27. Yeux
  28. Oreilles
  29. Maladies ostéo-articulaires
  30. Troubles de l’articulation et troubles musculaires
  31. Blessures et maladies dues à l'ennemi:
    1. Blessures par balle
    2. Éclats de grenade, mortier, d'artillerie
    3. Brûlures
    4. De bombardement ou d’attaque aérienne
    5. Combats aériens
    6. Le tétanos
    7. La septicémie ou la gangrène
  32. Chaleur
  33. Froid
  34. Accident ou auto-mutilation:
    1. Accidents
    2. Le suicide
  35. Malformations congénitales
  36. Feinte de problèmes médicaux
Exemples du Soldbuch du Sanitäts Unteroffizier 5/San. Ers. Abt.3-183-A Güben :
A l’instar de son homologue allié, le soldat allemand ne dispose que de peu de matériel sanitaire individuel. En effet celui-ci se limite à deux bandages compressifs individuels, le plus souvent entourés d’une enveloppe étanche en tissu recouverte de caoutchouc. Le premier pansement est dit grand modèle (11 x 5,5 x 2,5 cm), le second est un petit modèle (8,5 x 4,5 x 2,5 cm). Ces bandages sont glissés dans la poche intérieure cousue en bas du pan droit de la veste d’uniforme. Les équipages de véhicules blindés avais en plus un paquet spécial pour les brûlures.
Ensuite : seul les équipements spécifiques au domaine médical est présenté. Le reste est identique aux fournitures standard des autres soldats allemands (ceinturon, gourde, sac à pain...). Il existe cependant des petites exceptions : Les membres du service sanitaires n'était pas équipés d'une pelle (Kleines Schanzzeug) et ne portaient pas non plus de brelages (Koppeltragegestell) pour soutenir le poid au ceinturon.

3.1.1 - Équipement du brancardier auxiliaire
L'équipement du brancardier auxiliaire est le même que celui d'un soldat de l'infanterie au détail qu'il peut porter le brassard "Hilfskrankenträger" si il aide le service sanitaire ou les brancardiers.
Son équipement se compose de :
- brassard "Hilfskrankenträger"
- Lampe electrique (selon le stock disponible)
- Matériel de pansement devant être transporté temporairement (par exemple dans un sac à pain).
Il n'a pas de gourde spécifique pour faire boire les bléssés, Le brancardier auxiliaire de la troupe fait boire les blessés à l'aide d'un quart depuis leur gourde.
3.1.2 - Équipement du brancardier
Le brancardier porte à la place des cartouchières de fusil, deux boites en cuir (Krankenträgertaschen) contenant principalement des bandages et de quoi appliquer les premiers soins. Elles sont marquées avec un "K", pour Krakenträger, sur le devant de la fermeture. Pour l'autodéfense ou la protection des blessés il a une arme de poing (P08 ou P38) à disposition. En bandouillère ils ont la gourde spécifique aux troupes sanitaires (labeflasche) à plus grande contenance que la gourde personnelle. En général le brancardier a sur lui une lampe de poche, un outil bien pratique pour agir de nuit. Elle est très souvent attachée à un bouton de l'uniforme près des poches ou celui d'une épaulette.
En résumé :
- Gourde médical
- Pistolet pour autodéfence ou pour protéger les blessés
- Brassard croix rouge
- Lampe electrique (selon le stock disponible)
- Materiel médical (au ceinturon)
3.1.3 - Équipement du soldat sanitaire
L'équipement du soldat sanitaire presque le même que celui du brancardier. Les boites en cuir sont marqués d'un "S", pour "Sanitätssoldat", sur le devant de la fermeture indiquant un contenu différent. Contrairement aux brancardiers, les soldats du service sanitaires sont des spécialistes, ils peuvent aller plus loin dans les soins afin de pouvoir seconder le sous officier correctement.
3.1.4 - Équipement du sous officier
L'équipement du sous officier sanitaire est le même que celui du soldat sanitaire au détail qu'il a aussi avec lui un étui en cuir contenant un petit kit d'instrument (sanitätsverbandzeug). Le sous-officier pouvait aussi avoir un porte carte ou des sacoches spécifiques, tout dépend de son poste dans la compagnie. Les sous officers ont des spécialités très diverses, ils peuvent être formateurs, préparateur d'instrument, assistant d'opération etc. Leur équipement peut varier en fonction des besoins.
3.1.5 - Équipement de l'officier
L'officier sanitaire est un médecin. On peut le souvent le voir munis d'une blouse blanche lorsqu'il est en plein travail. Selon son grade il aura plus ou moins de responssabilités au sein du service médical. Le médecin a un équipement assez léger, l'essentiel du matériel étant transporté avec les véhicules motorisés ou à cheval. Chaque officier avait une sacoche (Arzttasche) afin d'avoir à portée de main le strict nécéssaire.
3.2 Autre équipement

En 1939, l’Allemagne possédait grâce à sa puissante industrie chimique un arsenal thérapeutique non négligeable. Le Reich passait commande auprès des grandes sociétés allemandes et suisses afin d’obtenir les médicaments dont il avait besoin. Ces produits avaient un emballage différent de ceux réservé aux civils mais une pénurie de médicaments étant apparue assez rapidement au cours de la seconde guerre mondiale du côté de l’Axe, l’armée réquisitionna les produits destinés aux civils aussi bien en Allemagne qu’en France. Des produits furent même ramenés d’Italie par les troupes qui y stationnaient. Quelques exemples sont détaillés dans la thèse de Marlène LANCIOT, et certains témoignages l'indique aussi clairement.